Disponible en streaming sur : Apple TV+ (17 janvier)
Nombre d’épisodes regardés : 5 sur 10
Selon Milchick (Tramell Tillman), le directeur de Lumon, cela dure « une minute ». Cela fait maintenant trois ans que la saison initiale de Severance, cette série de science-fiction explorant un équilibre radical entre travail et vie personnelle, a captivé les spectateurs sur Apple TV+.
Si vous avez l’impression d’être aussi perdu qu’un « innie » pucé sur les événements des dix premiers épisodes, sachez que c’est tout à fait compréhensible. Fort heureusement, le début de cette saison 2 tant attendue nous offre un récapitulatif de trois minutes qui remet tout en perspective. Il nous rappelle comment les quatre employés de bureau « coupés », à savoir Mark S. (Adam Scott), Irving B. (John Turturro), Dylan B. (Zach Cherry) et Helly R. (Britt Lower), ont mené une révolte discrète dans leur espace de travail caché, ce qui a culminé avec une finale de saison véritablement surprenante, où les deux univers se sont finalement mélangés.
Le scénariste principal et showrunner Dan Erickson maîtrise un équilibre fascinant des tonalités : le récit est à la fois engrossant, plein de tension, déconcertant et teinté d’une humour sombre et absurde.
Nous poursuivons notre récit juste après ce qui est désormais connu sous le terme de « soulèvement des macrodonnées ». Dans cet univers où les innies et les outies évoluent dans des temporalités totalement différentes, ce qui est perçu comme « immédiat » peut s’étendre sur quelques instants ou, au contraire, plusieurs mois. Le premier épisode de cette captivante nouvelle série reste cantonné sous terre, au niveau isolé de Lumon Inc, où Mark S. lutte pour décrypter les événements qu’il a observés à la surface ; dans le deuxième épisode, nous suivons son outie en train de vivre une séance de réflexion parallèle.
Le premier épisode frappe fort : Ben Stiller, qui reprend les rênes en tant que réalisateur pour cinq des dix épisodes, déploie sa caméra dans les couloirs de Lumen, offrant des acrobaties visuelles qui rappellent le style de Sam Raimi. On sent déjà que cette série est parmi les plus raffinées et intelligentes sur le petit écran aujourd’hui : l’univers intérieur, un purgatoire d’entreprise brillant à l’infini, contraste avec l’univers extérieur, sombre et troublant.
Le scénariste principal et showrunner Dan Erickson nous offre un remarquable jeu de nuances : la série oscille entre l’intrigant, le palpitant, l’absurde et un humour obscur à souhait. (« Pourquoi es-tu un enfant ? » s’interroge Mark W. (Bob Balaban) à la nouvelle directrice adjointe, Miss Huang, une adolescente tout à fait déroutante. « À cause de ma date de naissance », est la réponse qu’elle parvient à formuler.) Erickson développe également, petit à petit, l’univers de la série, en approfondissant le culte autour de Kier Eagan, le fondateur de Lumon, avec des mantras tels que « Laissez Keir guider votre main ».
Cependant, la question la plus cruciale après ces années de suspense est : les réponses sont-elles enfin au rendez-vous ? Oui, mais celles-ci ne font que soulever de nouvelles interrogations. Erickson et Stiller apporteront des éclaircissements sur certains points, tout en maintenant le mystère en soulevant des questions additionnelles avec finesse : Que font-ils des « macrodonnées » ? Quelles sont les motivations de l’outie de Helly ? Que se passe-t-il réellement avec cette exploitation caprine ? Et que signifie la dualité de l’âme lorsqu’un esprit se scinde en deux ? « Nous restons la même entité », remarque Mark S. au sujet de son outie. « C’est… complexe.
Le désir de préserver un certain mystère, semblable à une boîte à énigmes, peut parfois être source de frustration : des évolutions majeures de l’intrigue d’un épisode peuvent s’arrêter brusquement dans un autre. Une fois de plus, la patience est essentielle. Toutefois, vous êtes guidés par des narrateurs talentueux, sûrs d’eux et audacieux. Cette attente a vraiment porté ses fruits. Un grand bravo à Kier !