La télévision regorge de thrillers d’espionnage, mais si l’on souhaite se démarquer, il est crucial d’éviter les clichés habituels. Écrit par Joe Barton (Giri/Haji, The Lazarus Project), Black Doves choisit de ne pas se soustraire aux stéréotypes du genre. Au contraire, il les exploite habilement, les réinventant pour en faire quelque chose de surprenant, captivant, et infiniment plus divertissant que la plupart des productions actuelles.
Keira Knightley incarne Helen, la femme d’un homme politique, joué par Andrew Buchan. Elle évolue dans un environnement privilégié, parée de manteaux luxueux et savourant du champagne dans son appartement londonien aux volumes impressionnants. Parallèlement à cette existence dorée, elle est une espionne, œuvrant pour un service de renseignement qui monnaye des informations aux plus offrants.
Knightley excelle dans son rôle le plus marquant depuis longtemps, naviguant avec aisance entre la comédie, l’action et les intrigues familiales.
La scène d’ouverture du spectacle présente une série de meurtres. Parmi les victimes se trouve un homme (Andrew Koji) avec qui Helen entretenait une relation. Elle n’a pas l’occasion de faire le deuil de cette perte. Sa supérieure (Sarah Lancashire) décide alors de mettre sous surveillance sa meilleure employée grâce à un ancien collègue, l’assassin Sam (Ben Whishaw), en lui recommandant de rester discrète. Cependant, Helen, ignorant cet arrangement, se lance dans une quête pour retrouver le meurtrier de son amant, entraînant Sam avec elle dans cette aventure périlleuse.
Ce que nous voyons ici n’est pas une nouveauté totale, mais c’est la manière dont cela est présenté qui lui apporte un souffle nouveau. On remarque des échos avec Slow Horses, où la gravité des événements se trouve souvent relevée par un humour acerbe typiquement britannique. Au milieu des échanges de balles, des répliques cinglantes fusent. Bien que cela ne soit pas à la hauteur de Slow Horses – un standard extrêmement élevé – il y a indéniablement un potentiel. De plus, la dynamique entre Helen et Sam apporte une touche de chaleur qui surpasse celle de bien d’autres récits.
Knightley exploite pleinement son rôle le plus marquant depuis longtemps, naviguant avec aisance entre la comédie, l’action et le drame familial. Whishaw se montre tout aussi impressionnant dans la peau de Sam, un homme capable de mettre fin à des vies sans remords, mais dont le cœur aspire désespérément à l’affection, regrettant un ancien partenaire (Omari Douglas) dont il ne parvient pas à tourner la page. Leur lien est splendidement exploré : deux « meilleures amies de travail » unies par une profession que peu peuvent vraiment appréhender. En réalité, cet aspect constitue l’un des éléments les plus captivants de la série, illustrant comment même un rôle d’espion/tueur peut se réduire à un simple emploi. Cela offre une perspective particulièrement crue sur la quête d’un juste équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Il existe des moments dans l’histoire où le récit semble perdre de sa vigueur – les antagonistes demeurent souvent dans l’ombre, entraînant une multitude de noms à mémoriser sans visage associé – mais ces lacunes sont mineures et se redressent rapidement avec l’épisode final époustouflant. Tout le dévouement apporté aux personnages culminent en affrontements d’une intensité remarquable, accompagnés de suffisamment de retournements de situation pour vous tenir en haleine. Une seconde saison a d’ores et déjà été annoncée, et les fondations établies sont si solides qu’elles annoncent des perspectives des plus enthousiasmantes.