Critique de la saison 2 d’Arcane : « Une ambition à toute épreuve »

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By Jérôme

Disponible en streaming sur : Netflix

Épisodes regardés : 6 sur 9

Bien qu’elle figure parmi les séries animées les plus saluées de ces dernières années, il semble nécessaire de s’exclamer « Prêtez attention ! » lorsque l’on aborde le succès d’Arcane. Une œuvre d’animation destinée aux adultes, traitant des tensions sociales, inspirée du jeu vidéo en ligne League of Legends ? En effet, ça semble improbable.

Cependant, Arcane a brillamment marqué les esprits lors de son arrivée sur Netflix en 2021, et la seconde et ultime saison est désormais prête à clore cette aventure. Globalement, Arcane raconte comment un empire génère constamment ses propres créatures terrifiantes – avec des figures d’autorité qui se laissent emporter par la rancœur plutôt que d’opter pour la compréhension, entraînant ainsi une spirale de conflits. Bien que l’aspect politique de l’intrigue puisse parfois sembler fade,
il est nettement plus captivant par la richesse des rapports humains qu’il explore que par ses réflexions sur la réalité du monde.

Ce qui rend l’histoire d’Arcane si captivante, c’est le lien complexe entre deux sœurs, chacune cherchant à occuper le vide laissé par l’autre. Ella Purnell, dans le rôle de Jinx, offre une performance énergique, son discours traînant révélant un éventail d’émotions cachées derrière l’attitude désinvolte de son personnage. De son côté, Vi, interprétée par Steinfeld, dégage une passion palpable, et leur interaction crée une belle alchimie. Bien que le sous-texte ne soit pas toujours subtil, les instants intimes brillent intensément, même au sein des séquences grandioses.

Bien que Arcane puisse paraître pesant par moments, son audace extraordinaire rend captivant le parcours vers la conclusion de son histoire.

Les créateurs Christian Linke et Alex Yee, accompagnés des réalisateurs Pascal Charrue et Arnaud Delord, explorent une fois de plus une fusion captivante de techniques, mêlant des styles d’animation classique à des rendus en 3D issus d’ordinateurs. Cela implique que certains éléments adoptent une esthétique faite à la main, tout en intégrant aussi des séquences où une approche totalement innovante s’impose. D’emblée, une scène se distingue par l’intégration des personnages animés en 3D sur un fond simple en noir et blanc, esquissé au crayon ; un peu plus tard, les souvenirs d’un des protagonistes sont illustrés avec une touche de mélancolie à travers des aquarelles vibrantes.

Le spectacle atteint son apogée durant ces moments de transformation, où différents styles d’animation s’entremêlent pour offrir une variété d’expressions. La trame de la nouvelle saison explore également des dimensions métaphysiques, mettant en avant un art plus brut et onirique. Bien que le rythme rapide et les effets visuels éclatants puissent parfois sembler déroutants, le deuxième acte, plus réfléchi (Netflix le décline en un triptyque de trois épisodes, avec des sorties échelonnées), permet de prendre du recul pour savourer des moments d’évasion plus introspectifs qui redéfinissent la structure de la série.

Il existe une multitude d’éléments à ingérer, surtout lorsque chacune de ces importantes séquences est fréquemment associée à une composition originale, adoptant un style de clip qui pourrait parfois bénéficier d’une nuance plus délicate. Néanmoins, la musique produite arrive également à coller avec précision : une ballade harmonieuse qui enrichit l’atmosphère dramatique d’une scène, ou un titre de métal industriel qui trouverait sa place dans le jeu DOOM.

Ce qui séduit ici, c’est le ton grandiose : les paysages sonores impressionnants, le déploiement de son animation raffinée et onéreuse, ainsi qu’une intrigue tissée d’ironie mordante et de moments de douceur bien placés. Bien qu’Arcane puisse, par moments, sembler pesant, son ambition saisissante rend captivant le dénouement de son ultime acte.